LE BOULET DU LAC-ÉDOUARD

 

Le propriétaire de l’ancien sanatorium doit 108 000 $ en taxes municipales

Lac-Édouard

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

Cette chaise de barbier est toujours à l’endroit où elle a été laissée il y a des décennies.

— Abandonné depuis des décennies, le sanatorium de Lac-Édouard tombe en ruine. Et son propriétaire, JeanGuy Pronovost, n’y fait rien. Il doit même à la petite municipalité 108 927 $ en taxes impayées pour les cinq bâtiments sur le site construit entre 1910 et 1926. Tous ces bâtiments tombent en ruine. Mais l’intérêt de ce site est son immense terrain situé sur le bord du Lac- Édouard.

«C’est un énorme boulet pour la municipalité. C’est triste et désolant de voir l’état des lieux», lance le maire de la municipalité de Lac-Édouard, Larry Bernier.

«Je crois qu’il n’y ait plus rien à faire avec l’hôpital. Il est vraiment en piètre état. Je crois que la seule avenue possible est la démolition», estime le maire. Mais cette option coûterait cher à la Municipalité.

108 000 $ en taxes impayées

Incapable de se faire payer par M. Pronovost depuis des années, la Municipalité a de nouvelles munitions.

La juge Frédérique Lalancette a rendu dernièrement à la Cour municipale de La Tuque un jugement favorable à la municipalité du Lac-Édouard. Le tribunal a déterminé que le propriétaire de l’ancien sanatorium ainsi que des bâtiments de l’ancienne colonie de vacances, le village Plein air Lac-Édouard ( PALE), Jean-Guy Pronovost, doit payer les taxes qu’il doit à la Municipalité depuis 2007.

En tout, l’homme d’affaires trifluvien doit payer 108 927 $, dont plus de 90 000 $ pour le sanatorium, à la Municipalité de Lac-Édouard pour l’ensemble des bâtiments construits entre 1910 et 1926. Cela représente les taxes dues ainsi que les intérêts et les frais de pénalités. Jean-Guy Pronovost n’a jamais retourné les nombreux appels du journaliste.

La Municipalité de Lac-Édouard, qui ne compte que quelque 300 personnes, ne peut se permettre d’avoir un manque à gagner de cette envergure en taxes impayées. D’autant plus que, sur la liste des villages dévitalisés du Québec jusqu’à tout récemment, ce petit coin de la Haute Mauricie tente tant bien que mal de se redresser. La Ville est derrière les projets de la Petite école, du magasin général et de la coopérative de solidarité qui ramène de la vie au Lac-Édouard. Le maire et un conseiller refusent même leur salaire et remplissent leurs fonctions bénévolement pour aider aux finances municipales.

Un site intrigant pour les chasseurs de fantômes

Par ailleurs, Jean-Guy Pronovost devait se conformer à une directive du Service de sécurité incendie de l’agglomération de La Tuque qui demande à ce que l’accès aux bâtiments soit contraint par une clôture et des barricades. Rien n’est fait. Les bâtiments sont facilement accessibles et un visiteur peut y entrer comme bon lui semble sans aucun problème.

«C’est très dangereux. Un mur de l’hôpital a déjà commencé à s’effondrer » , précise le maire Larry Bernier. « L’hôpital a été vandalisé et tout est dévasté.»

« C’est un endroit qui suscite l’intérêt. C’est sûr que j’aimerais y aller», explique Dave Beaupré, fondateur de la Société paranormale du Québec, organisme qui réalise des expériences sur des sites dits hantés de la province.

Bien que ce groupe de chasseurs de fantômes n’ait pas encore visité le sanatorium, plusieurs vidéos d’expériences paranormales de même que des visites de l’intérieur du bâtiment peuvent être visionnés sur le web. Des graffiti évoquant la présence de spectres ornent même les murs extérieurs du sanatorium en ruine. Tout indique que les lieux sont fréquentés malgré le caractère éminemment dangereux du site.

Les multiples histoires du sanatorium

Pendant de nombreuses années, le sanatorium du Lac-Édouard accueillait des malades fortunés atteints de tuberculose. L’air des montagnes était très recherché. Les lieux étaient richement décorés. Les malades arrivaient grâce aux trains. « C’était vraiment le gros luxe comme on dit», précise le maire Bernier.

Évidemment, de nombreuses personnes terminèrent leurs jours à cet endroit pendant de nombreuses décennies. «L’histoire de ce lieu rend propice la présence de phénomènes paranormaux. Beaucoup de personnes y sont décédées», ajoute Dave Beaupré.

Par la suite, lorsque la médecine moderne découvre l’action des antibiotiques sur l’infection dans les années 40, les sanatoriums devenaient de moins en moins pertinents. Celui du Lac-Édouard ferme ses portes en 1967. Il a, par la suite, été transformé en hôpital pour vétérans puis en centre pour personnes atteintes de déficience intellectuelle avant d’être complètement fermé en 1982. Cela donna, bien évidemment, un dur coup à l’économie locale.

 

En 2006, le ministère des Ressources naturelles et de la Faune a vendu le sanatorium et la base plein air à Jean-Guy Pronovost, un homme d’affaires de Trois-Rivières aussi propriétaire de la Villa Soleil, une résidence pour personnes agées.